Colloque international sous le thème « Les stéréotypes à l’épreuve de la Lecture et de l’Ecriture ».

26-27 Novembre 2025 | Au Centre des Études Doctorales (CED) Dhar El Mahraz - Fès

L’École Normale Supérieure de Fès, le Laboratoire des Sciences Humaines Appliquées,
l’Equipe de Recherche Arts, Littérature et Etudes culturelles organisent un colloque international sous le thème : « Les stéréotypes à l’épreuve de la Lecture et de l’Ecriture »

Avec la participation de

Jean-Louis Dufays
Soumya El Harmassi
Françoise Demougin
Bernadette Kervyn

Sous la coordination de

Pr. Karra Anouar
Pr. Touzani Idrissi Habiba

Dans la continuité de ses travaux pour le perfectionnement de la Didactique des langues, des littératures et des cultures au Maroc, le Laboratoire des Sciences Humaines Appliquées) de l’École Normale Supérieure de Fès LSHA et l’équipe « Arts, Littérature et Études culturelles » organise un Colloque International sous le thème : « la stéréotypie littéraire », considéré comme concept-phare dans le champ de la Didactique de la littérature.

Il s’agit de consolider la maîtrise des principaux concepts et références contemporains des théories de la littérature et des outils conceptuels générés par les recherches en didactique de la littérature en s’assurant de la qualité scientifique du débat qu’impose leur mise à l’épreuve dans le contexte de l’enseignement, de la recherche et de la formation au Maroc.

Jean- Louis Dufays (1994), affirme que le concept de « stéréotypie littéraire » permet de concevoir la littérarité comme une valeur graduelle et relationnelle, qui se construit dans l’expérience du lecteur telle qu’elle varie entre attente du familier et désir de nouveauté. Ce rapport dialectique – conforme/subversif, sens/significations, participation/distanciation – met en lumière la fonction critique et transformatrice de la lecture littéraire. Il souligne cette dimension opératoire en définissant les stéréotypes comme un « socle de compétences » : un réservoir culturel et cognitif qui permet à l’individu d’entrer dans l’univers d’un texte, d’en saisir les codes, mais aussi d’en moduler les interprétations. Cette double fonction révèle la nature fondamentalement ambivalente du stéréotype : d’une part, il réduit, schématise, et peut conduire à des erreurs d’analyse, à des représentations biaisées, voire à la cristallisation de préjugés, d’autre part, il constitue un outil heuristique, un mode de structuration de la pensée indispensable à toute appréhension du réel.

Dans plusieurs domaines des sciences humaines, le stéréotype est perçu comme un phénomène plutôt péjoratif, source d’aliénation. Homi K. Bhabha (2007) conçoit le stéréotype comme une forme d’essentialisation discursive, rigidifiée et close sur elle-même, qui refuse le jeu des différences que permet l’altérité. Il devient alors un dispositif de fixation de l’identité, neutralisant toute dynamique de déconstruction ou de réinterprétation. Charlotte Schapira (1999), pour sa part, l’analyse comme une matrice cognitive, stylistique et lexicale qui, à travers des schémas préétablis, informe notre manière de percevoir le monde, d’en lire les textes, et de produire du sens. Le stéréotype n’est donc pas seulement une représentation partagée : il agit en profondeur comme une structure invisible, souvent intériorisée, qui régule nos mécanismes de compréhension.

Dans le domaine des théories de la lecture, notamment chez Jean -Louis Dufays, le stéréotype est valorisé comme un outil didactique susceptible d’aider les élèves et les étudiants à intégrer la discipline « littérature », c’est-à-dire à reconnaître les motifs et les structure d’où elle puise sa matière et que, sans cesse elle enrichit. Il distingue trois régimes : une littérature classique, qui s’appuie sur les stéréotypes pour asseoir sa lisibilité ; une littérature moderne, qui les déconstruit par la rupture et la subversion ; et une littérature postmoderne, qui oscille entre ces deux pôles. Cette dernière, en assumant la double face du stéréotype (conformité et subversion), s’avère particulièrement féconde, car elle ouvre l’espace d’une pluralité interprétative. Ce jeu d’équilibre entre reproduction et transformation s’avère fondamental dans la pédagogie littéraire contemporaine.

Dans un contexte éducatif marqué par la diversité culturelle, sociale et linguistique, cette conception permet de repenser les pratiques d’enseignement de la littérature. Plutôt que de s’enfermer dans des lectures figées ou des refus dogmatiques des stéréotypes, il s’agit de donner aux élèves les outils pour identifier, comprendre, détourner et réinventer les représentations dominantes. Le stéréotype devient alors non plus un ennemi à abattre, mais un point d’appui critique et créatif.

Ainsi, dans le champ littéraire, les tensions inhérentes à l’ambivalence constitutive du stéréotype – selon la formule d’Amossy et Herschberg-Pierrot (Stéréotypes et clichés, 1997) – se manifestent et s’exacerbent à travers les multiples actualisations du concept, au gré de leur interaction. Qu’il s’agisse de plans linguistiques, thématico-narratifs ou idéologiques – tels que les identifie J.-L. Dufays dans Stéréotypie et littérature. L’inéluctable va-et-vient (1994) –le stéréotype demeure un objet de réflexion central tant pour les créateurs de fiction que pour les critiques. Ces derniers s’emploient soit à en déconstruire les usages convenus et à en révéler les limites (« les mettre à mal », selon Alain Goulet dans Le Stéréotype : crise et transformation, 1994), soit à en valoriser les fonctions heuristiques et la fécondité esthétique potentielle.

Les théories contemporaines de la réception s’intéressent également aux modalités selon lesquelles les stéréotypes participent à la structuration des régimes de lecture (cf. Dufays, Stéréotype et lecture, 1994). Par ailleurs, le stéréotype s’inscrit pleinement dans l’imaginaire social, en tant que vecteur de la représentation de l’Autre, révélant, dans notre rapport à l’Étranger, une image souvent préconstruite qui informe nos attitudes et nos discours.

Dans le domaine de la didactique des langues, l’étude et l’exploitation des stéréotypes – qu’il s’agisse d’expressions idiomatiques, de parémies, de phraséologismes ou de toute autre structure figée – reposent sur des fondements psycholinguistiques. Ces derniers considèrent que l’acquisition du lexique ne saurait se réduire à une simple accumulation lexicale, mais qu’elle engage un processus dynamique de construction de réseaux de relations complexes : phonétiques, graphiques, sémantiques, morphologiques, syntaxiques, encyclopédiques ou encore personnelles (González Rey, La didactique du français idiomatique, 2007). Dans cette perspective, l’appropriation des formes figées conduit fréquemment les apprenants à mobiliser leur langue maternelle – stratégie à double tranchant, génératrice d’interférences et de malentendus, mais aussi propice à la prise de conscience des contrastes linguistiques et culturels entre les systèmes en présence, tant sur le plan syntaxique qu’idéologique.

Il en résulte alors que le stéréotype est un outil ambivalent : il permet de penser par soi-même en usant du passage par la pensée de l’autre, en se l’appropriant. C’est cette dualité essentielle qui en fait un objet d’analyse si fécond.

Ce Colloque International se propose d’étudier la question de la stéréotypie littéraire comme piste pour le renouvellement des dispositifs d’enseignement et de formation au Maroc.Chercheurs, enseignants, écrivains et praticiens sont invités à mettre au clair les enjeux liés à la représentation et à l’interprétation stéréotypée dans les textes et les pratiques éducatives.

Les axes de réflexion proposés sont :

Dates à retenir :

Frais de participation :

Types de participants Frais d’inscription au colloque en MAD
Enseignants chercheurs 500,00 MAD (50 €)
Doctorants 300,00 MAD (30 €)

Le code SWIFT : BKAMMAMR

Les frais couvrent :

Soumission des propositions

Les propositions doivent être rédigées en français, anglais ou arabe et contenir :

Les propositions doivent être accompagnées d’une brève biobibliographie et envoyées à l’adresse :

stereotypescongres@gmail.com